REMINISCENCES ET DIGRESSIONS EN TROIS TEMPS

ou Les petites aventures insignifiantes d'un promeneur solitaire

suivi de

Notes et anecdotes

 

Didier LOUIT

 

 

 

 

 

 

EXTRAITS

 

 



 

REMINISCENCES ET DIGRESSIONS

 EN TROIS TEMPS

 OU

 LES PETITES AVENTURES

 INSIGNIFIANTES

 D’UN PROMENEUR SOLITAIRE

 

 

 

LIVRE PREMIER

 

 

Récit printanier

 

 

 

 

     Par l’entremise d’un rayon de soleil, le printemps avait pénétré ma maison. Cela me décida illico d’une petite promenade dominicale. Depuis quelques temps, j’avais troqué ma brumeuse vie urbaine pour ce que j’imaginais de plus amples réjouissances dans le monde rural. Et je n’étais pas déçu. J’avais abandonné famille et amis sans toutefois y mettre trop de distance. D’une âme solitaire, le fourmillement des villes ne me convenait guère. J’étais parti pour une longue, voire définitive escapade campagnarde qu’un Thoreau et autre ascète n’aurait probablement pas désavouée. Mais je ne quittais pas les miens totalement seul. Ma fille de huit ans m’accompagnait. Je pensais que la vie de campagne seyait mieux aux enfants en bas âge. Je comptais à contrario la rendre à la ville à l’approche de ses dix-sept ans.

     Je fis l’acquisition d’une maison que je rénovais tant bien que mal en fonction des maigres connaissances que j’avais en matière de maçonnerie. Cette maison correspondait en gros à la conception que je m’en étais faite. Grande, labyrinthique, agrémentée d’une voûte qui séparait la cuisine du salon, et deux escaliers intérieurs qui se faisaient communiquer toutes les pièces entre elles ; poutres apparentes et pièces à différents niveaux sur un même étage. Derrière, une grange où trônait fièrement une mangeoire à chevaux qui consistait en un mur de pierre de dix mètres de long sur un mètre de large, refermé à ses extrémités, et coiffé au devant d’une magnifique poutre lissée par le crin des chevaux au cours du temps. Je me disais que sa rénovation donnerait une sorte de buffet rustique du plus bel effet où je pourrais entreposer mes objets préférés à la place du foin jadis. On me dit que la maison était un très ancien relais de poste. D’où ce que j’appelle la grange était une écurie. De vieilles cheminées équipaient presque toutes les pièces. Mon sentiment primesautier fut d’imaginer la contrainte laborieuse du chauffage d’antan. Laides et inutiles, je les détruisais toutes pour les remplacer par une seule, plus jolie et plus efficace. Enfin au dehors, deux petits cabanons et un micocoulier séculaire dont l’ombre bénéfique préservait la maison de la chaleur estivale en finissaient la visite.

     Situé sur un ancien fief templier, j’imaginai en m’amusant ce que cette bien vieille maison pourrait dissimuler. Outre un vieux trésor caché que je n’ai toujours pas trouvé à défaut d’avoir cherché, je mis à jour, lors de rudes travaux, des pierres de taille grosses comme un goret et lourdes comme un bœuf, appliquées à obstruer une ouverture dans un mur maître. Sculptée et ayant probablement servi autrefois de corniche, je fus surpris de l’ancienneté de l’une d’elles que je pus dater du XVIIème ou XVIIIème siècle. Mes autres découvertes de hasard se bornèrent en ossements non identifiables et un squelette de musaraigne vivant autrefois dans les galeries pratiquées à l’intérieur des murs. Mais je n’étais pas là pour faire des découvertes fantastiques, juste pour rendre cette maison habitable.

     Aucun propriétaire ou locataire ne s’y étaient installés depuis une trentaine d’années. Je sus par de charmants voisins qu’avant cette période, la maison fut habitée par une vieille dame seule et vivant à l’ « ancienne ». Je veux dire en substance que la maison n’était pourvue d’aucun sanitaire, ce qui fait dire aux modernes que la pauvre dame vivait dans le plus grand dénuement. Mais pas pour tout le monde. Le micocoulier au dehors, par sa majesté, témoignait pour lui du contraire. La vieille dame lui fut bénéfique de bien longues années en déversant à son pied toutes sortes de pelures végétales et autres déjections animales dont je vous épargnerais la description. Tout cela vraisemblablement conférait au micocoulier, si beau aujourd’hui, le statut d’un arbre heureux. Pour preuve, je pus exhumer lors de travaux sous un carrelage défoncé, une racine traçante d’environ quinze mètres du pivot jusqu’à l’intérieur de la maison. On peut imaginer ainsi l’attachement presque viscéral de l’arbre à l’endroit de sa nourricière, malgré elle, végétophile (si je peux me permettre ce néologisme). Dans le village, on disait que la pauvre dame avait perdu la raison.

     Mais ces mêmes voisins me racontèrent une autre histoire plus incongrue encore attachée au passé de la demeure. A une époque indéterminée, bien avant la vieille dame, y logeait un couple tranquille. Un jour ordinaire, une querelle éclata au sein du ménage. L’homme reprochait à sa compagne un récent adultère. Lorsqu’il apporta les preuves de la tromperie, sa femme ne put nier les faits. Le conjoint exigea alors qu’elle lui ramenât les testicules de son amant en guise de « modus vivendi », sous peine de dures représailles. Quelques jours plus tard, la pauvre fille, terrorisée, remit les objets du litige en main propre à son mari. L’affaire était classée. Je doutai tout naturellement de la véracité de cette histoire, mais les légendes ont la vie dure, et partant, je commençai à m’inquiéter de cette bicoque nouvellement acquise. Je me rassurai en me convainquant que toutes les demeures un peu trop longtemps inhabitées excitent inévitablement l’imagination des hommes. Mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu ? Que toutes les légendes s’appuient sur un fond de vérité ?

     De ma fenêtre en face, je voyais le vieux village perché à plus de cinq cent mètres d’altitude sur une colline verdoyante. C’est là que je comptais me rendre en cette belle matinée de printemps. Une courte promenade s’imposait en manière de remise en forme avant la reprise de plus grandes randonnées. Armé de bonnes chaussures et d’un appareil photos, je m’enfilai dans le chemin vicinal que j’avais récemment découvert, et que plus personne n’empruntait aujourd’hui hormis quelques paysans se rendant à leurs champs. C’est là d’ailleurs que je rencontrai mes charmants voisins, paysans et conteurs d’étranges vieilles histoires, occupés à tailler leurs oliviers. Je leur adressai un franc sourire en levant la main. Après un bref bavardage, je repris ma route. Les papillons voletant devant moi semblaient m’indiquer le chemin. Ce chemin, parfois bordé de genêts d’Espagne au jaune flamboyant gorgé de soleil, et parfois dans l’ombre fraîche des frondaisons, m’enchantait par son contraste et sa quiétude. Une attendrissante chanson de Laura Veirs, mélancolique et parfaitement fondue dans l’espace, trottait dans ma tête. Le chemin serpentait en pente douce et c’est ainsi que j’atteignis le vieux village, la poitrine rafraîchie, les traits reposés, le visage rosi. Le panorama offrait une vue magnifique sur la plaine et les montagnes au loin, pour certaines encore enneigées. Le mistral de la veille avait lavé l’atmosphère de ses particules de poussières suspendues, pour laisser à la place une image parfaitement nette. D’immenses espaces rougis de coquelicots comme je ne l’avais encore jamais vu, côtoyaient d’innombrables palettes de couleurs. Mon incapacité à peindre de telles merveilles assombrissait mes pensées. Je pris alors une photo dont je devrais me contenter. Van Gogh, lui, n’aurait pas perdu son temps. Mais j’étais là, moi aussi à pouvoir contempler ; c’était déjà ça. Et puis des châteaux, des bastides, des maisons de maîtres insoupçonnables du plancher des vaches, sortaient de l’anonymat, fiers et orgueilleux. Il me semblait que tout était à mon attention comme dans une vitrine. Que j’étais seul à pouvoir jouir de ces paysages. Que chaque particule de mon corps se confondait à l’espace infini. Que mon âme s’attachait à ses vertus. Qu’enfin, l’union parfaite s’accomplissait. Je passai une chapelle pour aboutir sur la place principale du village. L’église y trônait fièrement en face, coiffée d’un campanile en fer forgé joliment entrelacé. Sur le parvis, un micocoulier arborait sur son flanc, tel une médaille durement acquise, un écriteau indiquant la date approximative de sa naissance. La plaque apprenait au visiteur que l’arbre fut probablement planté à l’époque d’Henri IV, lui prêtant environ l’âge canonique de quatre cents ans, son tour de taille frisant les cinq mètres de circonférence. Plus loin, des visages humains sculptés à même la façade d’une maison, observaient du fond des âges le promeneur. De combien de guerres, de générations, de modes vestimentaires, ont-ils pu être les témoins ? Le village me plongeait délicieusement dans une époque révolue et pourtant si présente par son architecture fidèlement rénovée. Je m’engouffrai dans une petite ruelle qui me sembla encore plus ancienne. A son angle, une maison, peu significative, indiquait par une plaque le lieu de naissance du Vicomte de Barras, député du var, conventionnel de la république, membre du directoire, artisan de la chute de Robespierre, et selon la légende, ex- amant de Joséphine de Beauharnais, future première épouse de l’empereur Napoléon 1er. Son nom fut aussi associé à la galéjade marseillaise : « la sardine qui a bouché le port de Marseille ». « La Sartine », transformé en sardine par l’exagération marseillaise, était un bateau qui coula en 1780 à l’entrée du port, interdisant les allées et venues des activités maritimes de la ville. Le vicomte de Barras s’y trouvait embarqué le jour du drame dont il raconta la fameuse histoire dans ses mémoires. On dit de lui qu’il fut jouisseur et prévaricateur. Par cet effet, le Vicomte ne désapprouverait pas le devenir de son village, déserté de ses habitants d’origine, et réservé aujourd’hui comme lieu de villégiature et de farniente pour riches propriétaires venus de tous horizons européens, seuls susceptibles d’avoir les fonds nécessaires à la rénovation de ces vieilles bâtisses pour la plupart en ruines vingt ans plus tôt. Et ce fut un bienfait pour retrouver, resurgit du temps passé, les splendeurs architecturales simples et épurées de ce beau village d’origine templière.

     Je continuai mon tour de visite, déjà fait à plusieurs reprises, sans toutefois me lasser par un sentiment souvent rédhibitoire de déjà vu. Là, un banc de bois consistait en sa plus simple expression d’une poutre posée sur deux grosses pierres de taille. Ici, un griottier formait dans l’étroite ruelle une manière de tunnel en plongeant ses branches vers la façade de la maison d’en face. Et puis, des petits jardins charmants, une placette enchanteresse où reposait paisiblement sous le soleil un chat aux yeux de perles dorées. Ce village perché était une sorte de paradis pour ces animaux à l’âme solitaire. Rien ne pouvait déranger leur tranquillité, car même en période estivale le village restait peu fréquenté ; celui-ci consistant en maisons secondaires, et dépourvu de commerces y compris même d’une boulangerie. Je descendis, afin de rejoindre ma maison, par le versant nord de la colline que je considérais incontournable, et qui permettait une promenade en boucle. Ce versant, toujours ombragé, différait catégoriquement du versant sud, peu distant l’un de l’autre, arboré essentiellement de pins d’Alep, maritimes ou sylvestres. Ici, des chênes, hêtres, fougères et mousses accrochées aux pierres grises lui cédaient à contrario l’aspect d’une forêt de légende Arthurienne. Le chemin, caladé et jalonné d’oratoires, menait vers une grotte depuis longtemps aménagée en chapelle surmontée d’un énorme rocher à l’emplacement naturel qui semblait impatient de basculer. A l’intérieur, une statue de la vierge était posée sur un autel. Les parois de la grotte étaient tapissées d’ex voto dont l’un d’eux fut déposé par le vicomte de Barras précité. De retour des indes, il essuya une tempête à l’approche du cap de bonne espérance sur le vaisseau dans lequel il était embarqué. Il pria la Sainte Vierge de le sortir indemne de ce danger. Son vœu fut exaucé.

     Je continuai à descendre prudemment sur les calades polies par le passage des pèlerins, et rejoignis la route en contrebas. Je changeai brusquement d’environnement. Ici, les fleurs baignées de soleil étalaient sans complexe leurs corolles multicolores. Les insectes aussi, compagnons incontournables pour la survivance des plantes, pullulaient. Je prenais plaisir à les regarder de plus près en prenant des photos afin de mieux les observer plus tard. En entrant dans leur monde, je voyais les choses différemment. J’aimais à m’extasier devant la diversité des formes et des couleurs de ces êtres en général victimes de l’appréhension viscérale du commun des mortels. Mais je pensais que cette appréhension était manifestement d’ordre culturel, puisque d’autres peuplades ne faisaient pas tant de simagrées au même titre que la consommation d’escargots et de grenouilles qui dégoûte tant nos voisins anglo-saxons. Je pus constater à force d’observation qu’on ne trouvait certains insectes seulement sur une variété de fleurs bien spécifique. Je pouvais ainsi conclure que si cette plante venait à disparaître, l’espèce de cet insecte disparaîtrait avec elle. Mon sentiment écologique s’en trouvait fort bouleversé. Alors, je me disais naïvement que ma collection de photos pourrait bien servir un jour, pour des entomologistes avertis, à la classification des espèces disparues. Du coup, j’en faisais de même pour les fleurs sauvages. Mais cette hystérie scientifique était hypocrite à bien des égards, puisqu’en vérité, l’intérêt que je portais à mon entourage se limitait essentiellement aux émotions spontanées et poétiques. Comment rester de marbre devant tant de couleurs et de diversités animales ? Comment imaginer un cycle saisonnier sans printemps ? D’ailleurs, le mot s’écrit toujours au pluriel comme si on en redemandait. Comment… ? Ma pensée fut subitement distraite. A ce moment là, une charmante jeune femme passait nonchalamment derrière moi exhibant d’une robe courte ses jambes nues, longues et fuselées. Sans en avoir l’air, je jetai un œil rapide sur son postérieur si complaisamment exposé à mon regard. Tout en marchant, elle me regardait d’abords dubitative, puis amusée de me voir accroupi dans l’herbe, les fesses en l’air, occupé à cadrer dans mon appareil photos un insecte butinant. Je lui fis un timide bonjour de la main qu’elle me rendit par un lumineux sourire. Aussitôt, il me vint à l’esprit un poème de Verlaine, pendant très longtemps interdit, parangon incontournable de la bonne chair (et bonne chère) d’une agréable compagnie :

 

Heureux qui, profitant des plaisirs de la terre

Baisant un petit cul, buvant dans un grand verre

Remplit l’un, vide l’autre, et passe avec gaîté

Du cul de la bouteille, au cul de la beauté

 

    

 

HISTORIETTES ANECDOTIQUES

 

 

   Les anecdotes, en soi, n’ont d’intérêt seulement par leurs caractères authentiques. Il s’agit pour nous d’en conter les curiosités. Chaque individu a les siennes dont les réalités dépassent parfois la fiction. Mais, l’anecdote reste essentiellement de tradition orale. Cependant, on peut de temps en temps, dans un coin, leur accorder une petite importance littéraire; car beaucoup d’entre elles ont été, sont et seront à jamais perdues dans les mémoires.

 

 

 

LE PARAPLUIE

 

 

    Comme tous les matins, sauf les fins de semaine, mon grand-oncle prenait le train. Pourquoi ? Afin de se rendre tout simplement à son travail. A quelle heure ? Je ne l’ai jamais demandé. Je décidai alors de trancher la question aussi promptement que fut le nœud gordien en son temps. Donc ne tergiversons pas. En hommage à Courteline, on dira que mon grand- oncle prenait « le train de 8h47 ».

     Ouf ! L’affaire est faite. Les introductions sont parfois difficiles à trouver. De toute façon, cela a bien peu d’importance. Une seule chose en avait : bafouer l’honnêteté de mon grand-oncle. Il ne pouvait souffrir qu’on en doutât. C’était un homme droit et vertueux, impossible à corrompre ou à détourner de ses idéaux. Seule sa femme y parvenait.

     Comme tous les matins donc, mon grand- oncle commençait le combat de la vie à se trouver une place assise dans un des compartiments du train. Arpentant les couloirs, il chercha un moment, deux moments, trois moments une place vacante. Il finit par en trouver une entre une grosse dame qui le regarda comme un intrus, et un monsieur d’âge mûr qui lisait son journal, imperturbable, un parapluie posé à ses côtés. La vue du parapluie raviva la mémoire de mon grand-oncle. La veille, sa femme lui avait intimé d’acheter des parapluies neufs pour elle, lui et sa fille. Trois parapluies d’un coup. Mon grand-oncle expliqua que cet achat lui paraissait inutile, prouvant de visu le parfait état de chacun d’entre eux. Sa femme lui rétorqua instamment qu’il vivrait dans une porcherie habillé comme un zoulou que ça ne le gênerait guère. Mystère insondable des femmes et de leurs réparties. Elle l’acheva enfin, prétextant que de toute manière, les susdits parapluies n’étaient plus à la mode. Imparable, inattaquable. Il fallait à sa femme ses trois parapluies neufs à la maison ce soir, un point c’est tout. Mon grand-oncle s’avoua vaincu.

  

     Il sortit de ses pensées. Le train arrivait enfin à destination. Fort de son obsession du jour, mon grand-oncle se leva, s’empara machinalement du parapluie posé sur la banquette, et s’achemina vers le couloir. Aussitôt, il entendit une voix derrière lui :

- Monsieur, rendez ce parapluie, il est à moi !          

 

L’homme au journal se tenait maintenant debout, d’une belle stature, le sourcil froncé, le regard sévère. Mon grand-oncle regarda le parapluie dans sa main et sortit enfin de sa torpeur. Il se soumit alors à d’interminables excuses. Qu’il ne l’avait pas fait exprès ; que c’était une méprise ; que jamais cela ne lui était arrivé avant, et cætera … Bref, il faillit rater la station car le train allait repartir. L’homme au journal, soupçonneux, récupéra son parapluie sans toutefois laisser poindre la moindre indulgence.

     Au retour de son travail, mon grand oncle rentra dans un magasin et acheta les parapluies commandés par sa femme. Fier de ne pas les avoir oubliés, il arriva à la gare en sifflotant.

 

     Le train arrivait enfin. De nouveau, mon grand-oncle se remit en quête d’une place assise dont son humble postérieur avait légitimement besoin. Cette fois, il trouva facilement. Le train, à cette heure, était presque vide. Il s’installa dans le premier compartiment qu’il visita.

     Près de la fenêtre, une femme regardait défiler le paysage. A cette heure, le soleil effleurait les collines. Face à elle, une petite fille dormait, la tête dodelinant doucement. Plus près de la porte, un monsieur était caché derrière son journal qu’il lisait assidûment.

 

     Le train entrait en gare. Tout ce petit monde se prépara à descendre. La dame réveilla son enfant, le monsieur plia tranquillement son journal. Ce dernier ne montra aucune surprise en voyant enfin mon grand-oncle. L’homme, qui s’était montré sur la même ligne au petit matin, son parapluie cette fois en sécurité sur les genoux, ne put s’empêcher une suprême vengeance. Et c’est alors que d’un ton matois, l’œil soupçonneux et sans ménagement, il lança satisfait en regardant les trois parapluies sur les genoux de mon grand- oncle : « Bonne journée, Monsieur ??? !!!».

 

§

Réminiscences et digressions, EXTRAITS.d
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